Marie-Sophie de Rousselet de Châteaurenault, Comtesse de Crozon, marquise de Rosmadec, baronne de Poulmic. La dernière comtesse de Crozon. Il n'est pas certain qu'elle ait posé un pied sur les terres du comté de Crozon (presqu'île) dont elle est propriétaire et qui constitue une infime partie de ses biens disséminés en France. Elle n'est pas Bretonne et le comté est obtenu par le mariage de son grand-père, prestigieux amiral, avec sa grand-mère comtesse de Crozon (entre autres titres majeurs) qui elle-même n'était pas Bretonne.
Jean-Baptiste Charles Henri Hector Théodat d'Estaing - Le dernier comte de Crozon fut un temps vice amiral de la flotte à Brest. Il a certainement vu de sa fenêtre de chef d'escadre la silhoutette de la Pointe des Espagnols mais rien n'indique qu'il ait traversé les terres de son épouse durant toute sa vie. Par contre à la tête de sa flotte d'environ 25 vaisseaux, il navigua dans le Goulet de Brest avant de naviguer sur les mers du globe au service du roi.
François-Louis Rousselet, Marquis de Châteaurenault, Chevalier
de Mont-Carmel & de S. Lazare de Jérusalem, Grand Prieur de Bretagne,
Chef d'Escadre des Armées Navales, Comte de Crozon, Baron de Poulsnie
(Poulmic ?), Vicomte de Mordelle & d'Artois, Maréchal & Vice-Amiral de
France, Lieutenant Général au Gouvernement de la haute et basse Bretagne
& Commandant dans la Province, né le 21 Septembre 1637 († 1716) & baptisé
âgé de 4 ans le dernier jour de Septembre 1641. Il est le fils de François
Rousselet, Marquis de Châteaurenault, Baron de Noyers, Seigneur de Blanchardaye,
Gouverneur des Villes et Château de Machecou & Belle-Ile, élevé enfant
d'honneur de Louis XIII mort en Décembre 1677 & de Louise de Compans,
Conseiller du Roi, Maître ordinaire en la Chambre des Comptes & de Demoiselle
Louise de Dreux. Il a épousé le 30 Juillet 1684 Marie-Anne Renée de la
Porte-d'Artois, fille & unique héritière de Haut et Puissant Messire René
de la Porte, Chevalier Seigneur Comte d'Artois & de Crozon, Baron de Beaumont,
de Boccheel & de Mordelle, Conseiller du Roi en tous ses Conseils & en
son Parlement de Bretagne, & de Puissante Dame Marie du Han, elle mourut
en Octobre 1696.
Il eut de son mariage François-Louis Ignace, tué au Combat de Malaga,
le 24 Août 1704, sans alliance. Anne Albert, Chevalier de Malte. Emanuel
(Emmanuel) & Marie-Anne.
Emmanuel Rousselet Marquis de Châteaurenault, comte de Crozon & capitaine
de Vaisseau, Lieutenant-Général de la Haute et Basse Bretagne (1695-1739)
épouse en seconde noce Anne Julie de Montmorency (1704-1778), en filiation
avec la famille Colbert, et donne naissance à Marie-Sophie Rousselet de
Châteaurenault (1727-1792). Elle est aussi l'arrière petite-fille de Jan
Le Han qui devint comte de Crozon en achetant la presqu'île aux Rosmadec
qui l'avait acheté aux Rohans précédemment.
Jean-Baptiste Charles Henri Hector Théodat d'Estaing*,
Marquis de Sailhant, Comte d'Estaing, Vicomte de Ravel, Amiral de France,
Lieutenant-Général sur mer et sur terre en 1762 & 1763, nommé Gouverneur
Général de St Domingue & Chevalier des Ordres le 1er Janvier 1764, né
le 24 novembre 1729 devenu comte de Crozon par le mariage avec Marie-Sophie
de Rousselet de Châteaurenault, dame d'Artois (1746), comtesse de Crozon
(1747), le 14 avril 1746 à Paris. Les titres et fonctions citées sont
partielles, une page n'y suffirait pas. Le mariage se fit en grande pompe
dans la paroisse de St Sulpice à Paris. Les gazettes en ont rempli des
tribunes entières. Lui a 16 ans, dans l'année il est promu lieutenant
dans le régiment du Rouergue (achat du grade par la famille - colonel
en 1752), elle 18. Un mariage arrangé par les familles qui y trouvent
des intérêts convergents. La fortune vient d'elle et de nombreux titres
aussi, tels que ceux concernant la presqu'île de Crozon. Marie-Sophie
de Rousselet de Châteaurenault est Comtesse de Crozon, marquise de Rosmadec,
baronne de Poulmic... Certains de ces titres sont le fait d'achat
de terres. L'intérêt d'être Comtesse de Crozon consiste à percevoir des
revenus des fermages des terres, des moulins, des coupes de bois, des
passages maritimes, de différentes perceptions seigneuriales, etc... Accumulés
à d'autres revenus de par le royaume, les Rousselet de Château-Renault
sont fortunés.
L'ancien président de la république Valéry Giscard d'Estaing dont la famille
a acheté le nom de d'Estaing en 1922-23 déclara : "L'action de l'amiral
d'Estaing est moins bien connue et reconnue que celle de Rochambeau. Et
encore moins que celle de La Fayette, homme de relations publiques qui
a su se lier d'amitié avec Washington… Et puis, le résultat des actions
militaires de l'amiral d'Estaing le long des côtes américaines n'a pas
toujours été jugé satisfaisant d'où son retour à Versailles et son remplacement
par l'amiral de Grasse… C'est cependant à lui qu'on doit la prise de Grenade
aux Anglais !" La réalité est bien moins angélique.
L'ancien mousquetaire sans gloire, une fois marié demande à servir dans
la marine. La Royale lui permet de gravir les échelons et de partir en
expédition partout sur le globe - il existe des écrits complets sur les
détails de la carrière - pour finir chef d'escadre de la flotte du Ponant
à Brest. Il n'obtient aucune notoriété et ses officiers subalternes brillent
davantage que lui, ces derniers le juge inexpérimenté, maladroit, et peu
stratège. La personnalité n'est pas appréciée. Le talent de ce franc-maçon
est de savoir tisser des liens utiles et de changer de parti-pris autant
que nécessaire.
Des gazettes du 19ème siècle relatent que l'amiral laisse des dettes partout
où il passe et que la dame de Crozon, son épouse, éponge tant bien que
mal alors que depuis 1756, le couple a signé son intention de divorcer.
Lors de la séparation des biens et des titres le couple se déchire et
passent de procès en procès qui ne les départagent pas. La situation du
couple est le reflet sociétal de l'aristocratie et de la nature des couples
aristocratiques de l'époque. Lui franc-maçon sans religiosité, elle pieuse
jusqu'aux contributions à l'église, derrière chacun d'eux, des réseaux
d'influence qui se combattent y compris dans les cercles de la justice.
Marie-Sophie de Rousselet de Châteaurenault est assurément négligée par
son mari absent. Les derniers nobles de Crozon avaient eu un enfant :
Théodat d'Estaing 1747-1749 (1759 - plusieurs dates de décès selon les
sources) - serait tombé du balcon du salon de musique du château de Ravel
- château paternel.
Marie-Sophie est nommée dame de compagnie de Mesdames Victoire, Sophie
& Louise-Marie en 1750. Mesdames de France, filles de Louis XV et de Marie
Leszczynska reine humiliée. Le roi bafoue la reine par des liaisons outrageantes.
Les enfants du couple assistent à des humiliations publiques et dès qu'ils
en ont l'âge, complotent contre les maîtresses de leur père tandis que
la reine se réfugie dans le silence et la religion. La marquise d'Estaing
est donc au cœur des drames de couple à Versailles. Son mariage étant
une déception, elle-aussi se tourne vers la religion et ceci d'autant
plus qu'elle est une mère éprouvée. Elle est reçue le 16 décembre 1775
dans un Ordre Hospitalier Militaire et Archi-Hospitalier. Un ordre religieux
militarisé dont les subsides proviennent de personnes pieuses. Quand la
Marquise de Châteaurenault n'est pas à Versailles, elle vit dans un hôtel
particulier luxueux à Paris avec un mari de passage après des mois ou
des années de missions. Après celle de St Domingue, où il est nommé Gouverneur
et dont les réformes brusques amèneront le chaos, il rentre à Paris et
y trouve une femme dépressive proche de la perte de la raison et le fait
savoir... Le divorce est toujours en cours.
Le marquis d'Estaing reçoit le commandement de la garde nationale de Versailles
en 1789 de la main de Lafayette et ses décisions troubles des 5 et 6 octobre
vont lui porter préjudice. Il ne réprime pas la foule mais accompagne
le roi ostensiblement à Paris. Il démissionne de cette fonction éminemment
politique. Dans les mois qui vont suivre la révolution, il tente de se
faire passer pour un révolutionnaire, il est bien évidemment peu convaincant
et sans doute peu convaincu par lui-même.
La date de la mort de Marie-Sophie de Rousselet de Châteaurenault est
1792 à 65 ans, le lieu est Paris. Selon les écrits, pour les uns, elle
est morte dans un demeure modeste ayant dû quitter l'hôtel particulier
par discrétion, pour les autres elle fut guillotinée pour sa proximité
royale et ses titres de noblesse.
Jean-Baptiste Charles Henri Hector Théodat d'Estaing, suite à la mort
de sa femme, vit plus chichement car la séparation des biens prend naturellement
forme, celle des titres est-elle effective ? Est-il encore comte de Crozon
? En 1793, il est convoqué comme témoin au tribunal lors du procès de
Marie-Antoinette et sa déclaration est au final ambigüe. Arrêté à nouveau
pour un supposé complot, emprisonné quatre mois, passant au tribunal Révolutionnaire
le 27 avril 1794, il énumère ses états de service et conclut par : "Quand
vous aurez fait tomber ma tête, envoyez-la aux Anglais, ils vous la paieront
cher ". L'amiral mal-aimé de tous est guillotiné le lendemain de sa condamnation
à mort soit le 28 avril 1794 à 65 ans. Une demi-sœur est l'héritière partielle
mais rien qui ne concerne le comté de Crozon.
L'aristocratie subsistante du comté
de Crozon, de la baronnie de Poulmic et du marquisat de Rosmadec est
locale et vit de petites rentes avant que les maigres fortunes ne se dissolvent
par des mariages roturiers. La bourgeoisie rachètera les terres jusqu'à
ce qu'elle-même abandonne l'idée que la terre crozonnaise put apporter
une grande aisance. Les fermiers les plus aisés feront des rachats...
Les prénoms du comte d'Estaing varient selon les actes sur lesquels ils sont apposés : sur son acte de naissance c'étaient Charles-Henri, ceux sur son acte de mariage c'étaient Jean-Baptiste Charles, ceux enregistrés par la marine française étaient Charles-Henri Théodat et ceux de la Bibliothèque nationale française étaient Charles-Hector.