Le Maréchal Rommel et le Chancelier Hitler ne se sont jamais
entendus, l'un est stratège militaire, l'autre pratique la destruction.
Néanmoins, Rommel est non seulement compétent mais il est apprécié du
peuple allemand de sorte que celui-ci est mis en avant par Hitler pour
commander le Mur de l'Atlantique de la Loire aux Pays-Bas (Groupe
d'Armées B) en janvier 1944.
Le débarquement allié est attendu et craint. Hitler ordonne l'intensification
des constructions en béton sur le rivage. Une seconde ligne de défense
intérieure est entamée pour soutenir les batteries côtières mais le béton
manque et Hitler est contraint de faire interrompre ces travaux titanesques.
Rommel est en inspection sur les côtes et soutien en apparence l'intensification
des travaux. Il demande que les ouvriers Français soient payés 8fr de
l'heure et qu'ils soient rétribués le jour même par une administration
simplifiée. Cette simplification n'attire pas beaucoup de Français qui
ne veulent pas être suspectés de collaboration alors que le débarquement
ne devrait plus tarder.
Les soldats Allemands sont obligés de faire les travaux par eux-mêmes
et râlent du fait qu'ils ne font plus d'exercices militaires.
Il pleut souvent des tracts de l'aviation anglaise et des journaux américains
tombent curieusement du ciel sur une population Crozonnaise qui a faim.
Les ravitaillements d'Etat arrivent toujours en retard. Les soldats Allemands
ont aussi faim et font du troc. Essence contre nourriture - Beaucoup de
véhicules sont partis sur le front russe et l'essence est encore en stock.
Une essence colorée qu'il faut décolorer par un produit pharmaceutique
et que les civils sont heureux de trouver car eux connaissent les pénuries.
L'armée allemande rapine. L'alcoolisme est partout autant que l'angoisse.
Rommel est contre l'élévation du Mur de l'Atlantique. Une défense fixe
qui une fois percée est submergée, est pour lui une faute tactique. Il
aurait préféré des divisions de chars en retrait surgissant dès la moindre
intrusion avec refoulement immédiat et destructeur des troupes alliées.
Mais, il ne peut aller plus loin que le simple constat. Il inspecte la
côte dont il a la charge et arrive en voiture en presqu'île de Crozon
le 19 février 1944. Le cortège officiel bloque les routes de St Nic jusqu'à
la Pointe des Espagnols. Le Generalleutnant Erwin
Rauch commandant de la 343.ID agissant sur la presqu'île et dont le
QG est à Landerneau, rejoint Rommel, il écoute les recommandations. 17h40
Pointe des Espagnols, débats informels sur la situation à Brest et rappel
des faits de bandes de saboteurs qui harcèlent les zones de travaux par
des actions dérisoires qui ont le don d'exaspérer les autorités allemandes.
Rommel exige de la fermeté sans représailles excessives, il a besoin des
civils pour poursuivre l'effort de guerre et s'inquiète d'un soulèvement.
La visite continue au point de défense H.K.B.1274, puis à la batterie
du Grand Gouin vers 18h15. Rommel félicite une entreprise de bâtiment
pour sa contribution à l'effort de sécurité de la France.
Le cortège revient vers Morgat où Erwin Rommel et son commandement passeront
la nuit au Grand
Hôtel de la Mer. La propagande allemande relaie le travail d'inspection
du chef de guerre mais dans les esprits locaux on voit venir l'apocalypse,
il n'y a jamais eu autant d'attaques aériennes, les alertes successives
sont épuisantes pour la troupe qui le jour maçonne, coupe les arbres pour
dégager les zones de tirs rasants, bouche le moindre fossé pour éviter
qu'un commando ne s'en serve comme tranchée et la nuit s'active à l'artillerie.
Cette même armée fébrile, épuisée, angoissée, ricanait en 1940 quand elle
investissait la presqu'île sans aucun combat.
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