Sommet.
La mer entourait pratiquement, à marée haute, la motte féodale, ce qui offrait une capacité défensive élevée. La construction de la route digue et la création du polder changea la physionomie du territoire mais bien après la période médiévale. La motte a été modifiée partiellement lors de la construction du four à chaux de Rozan.
La motte féodale – motte castrale – est un
relevé artificiel de terre de quelques mètres de haut sur une colline
que des habitants locaux construisaient avec beaucoup de dévouement pour
leur seigneur du 10 ème siècle au 12 ème siècle.
Afin de replacer cette élévation dans son contexte historique, il faut
se souvenir que les hommes préhistoriques connurent le besoin de se protéger
des ennemis régionaux venus en pillage ou des ennemis venus par voie maritime
dans le même dessein. Ils privilégiaient les éperons rocheux pour de moindre
travaux – type Lostmarc'h. Dès qu'un danger se savait, on se réfugiait
en famille sur la mini presqu'île dont l'entrée était barrée par un fossé
artificiel. Ensuite les romains construisirent des camps militaires en
terrains plats avec vue sur la mer pour surveiller les intrus belliqueux
– type
Kerloc'h. Palissades, tours de guet et quartier spartiate occupé à
l'année. Le moyen âge vit apparaître enfin le brigandage quasi permanent
ainsi que les rivalités entre seigneurs voisins qui s'occupaient à guerroyer
sans se soucier des dégâts collatéraux.Cette première lignée violente
était une descendance romaine soit de familles riches ou de renégats en
rupture avec Rome qui voulaient être des chefs de guerre locaux dans tous
les cas.
Le pouvoir banal de la féodalité devint une règle de société. Les banalités
étaient des services que les seigneurs devaient à leurs manants –
habitants. En échange de ces prestations, les serfs – paysans asservis
à une terre précisément – payaient en nature ou en espèce ces premiers
services publics. Pour que ce système prospérât, il fallut protéger les
habitants de différents agresseurs et donc fournir un lieu sécurisant.
Si les seigneurs
de Crozon percevaient des revenus issus de différentes taxes, les
bénéfices étaient sommaires et seul un chantier de motte de terre faisant
office d'obstacle infranchissable était à portée de bourse. Le tertre
entourait une maison principale dite seigneuriale avec quelques bâtis
supplémentaires comportant entre autres des réserves alimentaires. Une
alerte permettait de regrouper une population peu dense dans cette modeste
fortification. Certains historiens ajoutent sur le sommet de la levée
de terre une palissade en bois. Le bois étant rare en presqu'île ce détail
est sujet à controverse.
Le seigneur durant les périodes de conflits parfois brefs, parfois durables,
n'était pas forcément présent dans cette motte castrale tout simplement
parce qu'il était possesseur de plusieurs mottes sur ses terres. En fonction
de sa richesse et donc de sa toute puissance, son fief était particulièrement
maillé de points défensifs. Pour maintenir son pouvoir, il se devait de
déléguer à un fils ou à un seigneur vassal le droit de défense ainsi que
son droit de justice à l'égard des manants. S'il y avait une nécessité
de défense de territoire, il y avait aussi une intention de faire obtempérer
une population qui se nourrissait essentiellement d'injustice.
Les multiples razzias médiévales nécessitèrent une adaptation des moyens
de guerre, il fallut passer à des constructions en dur, les fameux châteaux
forts. Des édifices que seuls les familles dominantes du comté de Crozon
pouvaient s'offrir. La pierre contre la poudre noire pour équilibrer la
lutte !
Des historiens évoquent un nombre « important » de mottes castrales en
presqu'île de Crozon que de vieux documents dénommaient castrum. D'autres
sont dubitatifs en ce qui concerne le développement même de ce système
de défense. Il n'est pas possible de trancher avec certitude puisque ces
réalisations en terre ont tout simplement disparu avec le temps. Les rares
archives mentionnant les mottes sont généralement postérieures à l'époque
induite ou sont des retranscriptions difficilement interprétables.
Seule la motte de Rozan, à l'étang
de l'Aber, semble faire l'unanimité ; d'autres lieux sont catalogués
à l'état de supposition en Argol par exemple.
48° 14' 10.4" N
4° 25' 43.3 " O