Les ancres antiques avant que l'homme ne sache travailler le métal, étaient constituées d'une pierre percée en deux points opposés. L'un des trous circulaires laissait passer la corde, l'autre orifice accueillait un morceau de bois courbe dense qui servait de griffe de fond qu'il fallait changer périodiquement. Certaines ancres anciennes avaient deux griffes. La méthode fut progressivement oubliée pour les vaisseaux, navires importants mais certains pêcheurs pauvres ont conservé la méthode d'ancrage économique. Le chemin des ancres propose le vestige d'une ancre antique.
Ancre à jas - tige perpendiculaire en haut de l'ancre qui évite une mise à plat au fond de la mer et permet à une des pelles (pattes triangulaires d'extrémité basse) de crocher.
Ancre à plat ou plate en fonte aciérée.
Ancre dans une vasière.
Le mouillage consiste à immobiliser un bateau - navire
- vaisseau, grâce à des ancres (de pierre dès l'antiquité jusqu'aux années
1950 dans la région de la presqu'île de Crozon). Bien évidemment, dès
que le travail du fer fut maîtrisé, les ancres de marine devinrent toujours
plus grandes et lourdes et toujours prêtent à s'agripper sur les fonds
marins variés. Aujourd'hui les ancres sont considérées comme des destructrices
de la flore sous-marine mais auparavant c'était une question de survie
que de faire confiance à ses ancres de bord. "Jeter l'ancre" ou "mouiller
l'ancre" était un instant crucial quand les tempêtes étaient à la fête.
Les vents, les courants marins déplaçaient de manière désordonnée les
navires de surface qui se voyaient partir à la côte pour s'y briser. La
presqu'île de Crozon pourrait raconter des dizaines de catastrophes maritimes
ayant envoyé au malheur toutes sortes de vaisseaux militaires ou civils,
belliqueux ou pacifistes.
Navires illustres ou inconnus, leurs ancres ont chassé. Voici quelques
exemples...
• Le 24 novembre 1735, la "Catherine" chargée d'ardoise de
Châteaulin devant livrer à Pontusval, jette l'ancre à la Pointe du Gouin.
Le capitaine Goulvain Guennec se rend compte bien vite que sa gabare dérive
malgré tout et choisit alors de jeter une autre ancre. Le navire passe
devant la chapelle de Rocamadour et dérive encore. Les rochers approchent
dangereusement. L'équipage parvient à échouer in-extrémis à Trez Rouz
le 25 novembre. Distance parcourue : la traversée involontaire de l'anse
de Camaret-sur-Mer.
• En janvier 1860, lors d'une tempête le "Maria-Alizabeth-Marghareta"
un grand trois mâts chargés de charbon provenant de Cardiff allant vers
Singapour, tente de se réfugier à Camaret-sur-Mer. Le capitaine Baudhi
fait mouiller les ancres. Une fois encore, les ancres chassent. Le navire
dérive sur les rochers du Pouldu. 15 marins s'en sortent grâce à une barque,
7 autres meurent à bord. On retrouve plus tard le corps de l'officier
dans une cale, n'ayant pas quitté son poste. Le navire est vendu au plus
offrant mais disparaît dans les flots le 28 février durant une seconde
tempête.
• Parfois les ancres servent à ralentir et stopper un navire
qui dérive en étant hors de contrôle. Le "Vronn Digna Johanna - Dame Digne
Jeanne" provenant de Hollande et commandé par le capitaine J. Van den
Eude, jette ses ancres une fois entré, par miracle, dans le Goulet
de Brest lors de la tempête du 10 janvier 1770. Pavillon bas, la Hollande
est en guerre avec la marine française. Rien n'y fait, les ancres chassent
et le navire de commerce chargé de cacao, de café, d'ocre rouge et de
80 défenses d'éléphant finit sur la pointe de Cornouaille. La cargaison
est vite dépouillée, une fortune de mer comme on en voit pas deux fois
de toute une vie de pilleur de cargaison.
• Le naufrage du
Golymin dans le Goulet malgré ses tentatives désespérées d'ancrage
fait partie des grandes pages de la marine.
• Le paquebot mixte - cargo frigorifique "Le
Pérou" de la CGT - Compagnie Générale Transatlantique, une autre histoire
d'ancres.
La fabrication des ancres est un commerce lucratif car les flottes civiles
et militaires en réclament une grande quantité. Les ancres à jas sont
les plus fréquentes en occident dans les siècles passés, viennent ensuite
les ancres à plat que la marine emploie encore. Elles sortent des forges
et sont convoyées par voie maritime vers les chantiers navals les plus
connus pour être installées au plus vite car dès le lancement d'un vaisseau,
il lui faut ses ancres à disposition pour assurer un mouillage sécurisé.