En dehors des concessions
fixes de prélèvement des galets, l'activité d'extraction de sable
marin et de galets existait aléatoirement par arrêtés préfectoraux pour
des durées déterminées et ceci en faveur de caboteurs spécialisés (embarcations
côtières). Parfois l'ingénieur des ponts et chaussées pouvait être amené
à délivrer des autorisations ponctuelles en fonction des travaux publics
communaux. Pratiques mise en évidence par l'usage du mortier de ciment
puis la mise en œuvre du béton ; pratiques très nettement développées
par l'armée pour la construction de ses équipements de côte dès le 19ème
siècle.
Voici le descriptif, par exemple, d'une campagne d'extraction de sable
durant 28 jours pour le mois d'août 1934.
• 100m3 de sable concédés au sieur Capitaine patron du "St Yves" à prélever
sur les grèves de Lanvéoc, Landévennec, Crozon et Logonna-Plougastel (hors
presqu'île).
• 50m3 de galets concédés au sieur Keraudren patron du "Julia" de Lanvéoc
sur les grèves de Lanvéoc, Landévennec, Crozon et Plougastel-Daoulas (hors
presqu'île).
• 50m3 de galets et 50m3 de sable concédés au sieur Le Bris patron de
"l'Anémone" de Lanvéoc sur les grèves de Lanvéoc, Landévennec, Crozon
et Plougastel-Daoulas (hors presqu'île).
Déchargement sur cale et transport, souvent, directement par les entrepreneurs
de la presqu'île qui achetaient la quantité nécessaire à leurs chantiers
en cours. Transport par charrettes attelées puis camions dans les années
1930 pour les entreprises les plus florissantes. Contrôle par les douanes
de visu aux cales.
Des entrepreneurs étaient parfois autorisés à des extractions de matériaux
sur le rivage. Ce fut le cas de Mr Quentric, entrepreneur à Camaret, en
juin 1935, qui fut autorisé à prélever 5m3 de sable, 5m3 de galets, 5m3
de graviers sur certaines plages de Camaret et Crozon. Autorisation des
Domaines de Crozon.
A l'identique de 1934, l'année 1935 s'écoula avec plusieurs campagnes
d'extraction où l'on retrouve les patrons caboteurs habituels.
• 50m3 de galets et 50m3 de sable concédés au sieur Keraudren patron du
"Julia" de Lanvéoc sur les grèves de Lanvéoc, Landévennec, Crozon...
• 8m3 de galets et 8m3 de sable concédés au sieur Gélébart patron du célèbre
« Casoar » sur les grèves de Crozon.
Des privés furent aussi autorisés à charrier des matériaux :
• 6m3 de galets et 4m3 de sable concédés au sieur Palud, cultivateur à
Lambézen, durant 15 jours.
• 10m3 de galets et 5m3 de sable concédés au sieur Gonidec, cultivateur
à Tromel, durant 18 jours sur les grèves de Crozon.
• 4m3 de galets et 2m3 de sable concédés au sieur Bouillonnec, négociant
en vin à Crozon, durant 11 jours sur les grèves de Crozon.
Petit détail : pelles obligatoires et rien d'autre !
L'occupation allemande affola les volumes prélevés jusqu'à devoir importer
des matériaux en dehors de la presqu'île de Crozon. Après guerre, la pratique
s'évapora, le béton était partout et les carrières terrestres prirent
le relais sans avoir à déjouer les marées. La construction de la base
de l'Île Longue fera exception avec des extractions records à Kersiguenou...
L'extraction mondiale de sable marin n'a de cesse d'inquiéter, 50 milliards
de tonnes par an (2022) à raison de +5% par an... En presqu'île de Crozon,
site protégé, la pratique est interdite, pas même pour une pelleté de
sable, ni un galet à destination artistique !
Le sable coquillier était dragué en mer sur des bancs répertoriés soumis à l'autorité de la préfecture maritime de Brest. Sable destiné à l'amendement des terres agricoles.
°°°
Une information, une demande, patrimoine, nature, hors tourisme :
© 2012-2023